La famille de Jacques Guislain Pamart (1637-1704) est originaire du douaisis. Anoblie à la suite de faits d’armes dans la défense de la ville, la famille Pamart ne cessera de s’impliquer dans la vie civile de la cité valenciennoise. Jacques Guislain et son frère Jean-François, dignes représentants de cette famille échevinale, seront tous deux membres du Magistrat et Lieutenants-Prévost de la ville.

 

Jacques Guislain Pamart est né à Valenciennes le 9 février 1637. Escuyer, lieutenant prévôt de la ville, il est nommé échevin en 1678 par le gouverneur militaire Magalotti et Peletier. Il épouse Catherine Lemaire le 7 septembre 1663 à l'église Saint-Jacques, puis en deuxièmes noces, Marie-Anne Desmarets, le 25 novembre 1670 à l'église Saint-Nicolas. Il meurt en 1704. Le registre de la capitation nous précise qu'il habitait rue Sous la Vigne (l'actuelle rue de Mons) et qu'il était capité à 40 livres au titre de noble rentier.

 

Les seules oeuvres de J. G. Pamart nous sont connues grâce au Catalogue de Sébastien de Brossard qui note à son propos que "la musique est de très bon goût". Le recueil est intitulé : "Messe et Motets à une, deux et 5 voix, instruments et Ripienes, composez par le Sieur Jacques Guislain Pamart, Escuyer Lieutenant Prevost de la ville de Valenciennes. Premier Oeuvre. A Anvers, chez Henry Aertssens, Seul imprimeur de la Musique au Mont Parnasse, 1692".

 

En 1692, Jacques Guislain Pamart publie à Anvers un riche recueil musical composé d’une messe, de nombreux motets, d’un Te Deum et de Litanies à la Vierge. La composition de ce recueil le destine sans nul doute à l’usage de la Chapelle St Pierre de la ville. L’effectif vocal et instrumental tout d’abord, correspond à celui de la phalange valenciennoise à cette époque. Elle était composée de violons, alto, ténor et basse de violon, d’un organiste, et de chanteurs répartis selon les dénominations de l’époque : dessus, hautecontre, taille, et basse.

 

Le type de pièces composant le recueil correspond également aux us et coutumes de la Chapelle pour les jours de fête ou de solennité. Dans ces occasions, une messe était chantée « en musique », c'est-à-dire avec l’orchestre et tout le choeur. Le « Salut en musique » qui se chantait chaque jour en fin d’après-midi consistait en une série de psaumes, de motets, et soit des Litanies à la Vierge, soit du Te Deum. Enfin, la présence dans le recueil du motet Dominum salvum fac regem (Que Dieu sauve le Roi) rappelle que Valenciennes appartient au Royaume de France depuis 1677.

 

On ne connaît à ce jour rien de la formation musicale de Jacques Guislain Pamart, mais l’étude et la restitution sonore de ses œuvres révèlent une écriture subtile et un art de la composition maîtrisé. Tout en ayant les caractéristiques de la musique française de cette époque, sa musique résonne de couleurs italiennes et allemandes… bigarrée, à l’image de la ville de Valenciennes, au croisement de plusieurs états et de plusieurs cultures.

Y. Lemaire