Comme son nom l'indique,   la cathédrale est le lieu de  la cathèdre,    c'est-à-dire du siège de l'évêque.   Le christianisme s'est répandu  dans nos régions par les voies romaines ;   il s'y développa d'autant plus à Cambrai   lorsque, à la fin du 3e siècle  ou au début du 4e,  Camaracum (Cambrai) devint  le chef lieu de   la cité des Nerviens  à la place de Bavay.   La première et modeste "cathédrale"  aurait été élevée par st Vaast,  premier évêque de Cambrai,   vers 525 ;   elle portait déjà le nom de  "sainte Marie".  

 

 Les premiers évêques de nos contrées  furent essentiellement   des missionnaires itinérants :  que l'on pense justement à  st Vaast  le premier d'entr'eux,  catéchiste du roi Clovis,  à qui st Remi confia  le soin d'évangéliser    un immense diocèse comprenant  la cité des Atrébates (Arras)  et celle des Nerviens (Cambrai).  A sa mort en 540, st Dominique,   puis st Védulphe   lui succédèrent.  

 

Des travaux d'agrandissement,   voire de reconstruction,   eurent lieu aux 6e et 7e siècles. L'emplacement de  l'église "cathédrale" sainte Marie   n'est pas encore nettement localisé  aujourd'hui.   Elle se trouvait,  selon les meilleures probabilités,  quelque part  sur l'axe Ouest-Est  de l'actuelle place Fénelon.   St Géry (v. 584 – v. 624)   ou son prédécesseur st Védulphe   décidèrent de ne plus avoir   qu'une seule résidence épiscopale :   ils choisirent la ville où était établie   l'administration royale mérovingienne,  Cambrai  (Arras avait été alors anéantie  par les invasions barbares).

 

Rebâtie  plusieurs fois  dans des proportions de plus en plus vastes,   la cathédrale  fut encore endommagée  en 1148 :  un incendie détruisit tout le quartier de Cambrai  que l'on appelait le "château",  et qui renfermait la cathédrale,  le palais épiscopal  et l'abbaye de St-Aubert  (lieu de l'actuelle église St-Géry).

Nicolas de Chièvre  était alors  évêque.   Il entreprit de reconstruire la cathédrale  sur un plan nouveau.   Commencée vers 1150   dans un style roman,   elle ne fut terminée  qu'en 1472 (consécration solennelle)   dans un style majoritairement gothique.  

Surnommée   "la Merveille des Pays-Bas",   elle était comparable  aux plus grandes cathédrales, 

 avec des dimensions extraordinaires :   131 m. de long,   72 m. de

large,   110 m. de clocher

(l'actuelle cathédrale métropolitaine :  80 m. de long,  43 m. de large au transept,  65 m. de clocher).

 

Cette splendide cathédrale,   dans l'état où elle se trouvait  à la fin du 15è siècle,   fut malheureusement détruite  durant la période post-révolutionnaire. C'est  dans l'église abbatiale du St-Sépulcre,   que Mgr Belmas transféra  son siège épiscopal  ainsi que l'Icône Notre-Dame de Grâce.   L'importance de cette Icône   et le fait qu'elle valut à la cathédrale son élévation au rang de basilique,   nous oblige à y consacrer   toute une description  dans une autre section  de ce site.
 
Pour lors,   notons que – devenue cathédrale –   l'abbatiale reçoit,  dans sa crypte,  les ossements des anciens évêques et archevêques,  retrouvés sous l'ancienne cathédrale.  C'est là évidemment  que seront désormais inhumés, outre Mgr Belmas,  les cardinaux et les archevêques de Cambrai,  avec parfois (en plus des plaques mortuaires)   des monuments funéraires   dans la cathédrale.

 

 

L'actuelle cathédrale au XVIII - XIXè  

 

 

C'est ce dont bénéficie  Fénelon,   le plus illustre d'entr'eux.   Napoléon Premier, ordonna de rechercher ses restes.  Le sculpteur David d'Angers  fut chargé d'exécuter le monument funéraire  dans la nouvelle cathédrale.   Le 16 août 1823,   le maire de Cambrai  posa  la première pierre.    Lors de l'inauguration, le 7 janvier 1826,  et le transfert des ossements,  le 22 du même mois,  on put admirer  un gisant de marbre très expressif :  corps soulevé,  regard illuminé, mains modelées avec délicatesse,  draperies heureusement rendues…

Au-dessus du gisant,  ont été refaits, en 1995,  des ornements de marbre disparus au cours de la guerre de 1914 :  des guirlandes de feuillage avec un calice surmonté d'une hostie.     

                                  
 

 

Au-dessous du gisant,   3 beaux bas-reliefs :  de droite  à gauche
• Fénelon,  précepteur du dauphin de France,

• Fénelon, pansant des pauvres et des blessés  après la bataille de Malplaquet,
• Fénelon  ramenant une vache  à des paysans  qui l'avaient perdue.

 

En 1859,   un malheureux incendie  ravagea la cathédrale.  Les dégâts furent considérables :  la plus grande partie du mobilier  était en cendres,  les voûtes étaient endommagées  (mais l'Icône Notre-Dame de Grâce et les 9 grisailles furent préservées).   Après un moment d'hésitation,  on décida de conserver le bâtiment.   Faisant partie de la commission consultée,   Viollet-le-Duc déclara que la cathédrale endommagée   était l'une des plus belles églises complètes du 18è siècle   et un spécimen  du plus pur style Louis XIV.

La restauration fut confiée à  Henri de Baralle.   A cette occasion,   furent ajoutées  5 chapelles  autour du déambulatoire  ainsi que la chapelle St-Michel – comme oratoire de l'archevêque –  à côté de celle de Notre-Dame de Grâce. On déplaça et modifia  les sacristies  ainsi que la salle capitulaire  et d'autres pièces annexes.  Un maître-autel monumental  fut édifié  dans le chœur  et la façade reçut  une riche ornementation de sculptures.   Enfin,   fut élevé un majestueux clocher,  surmonté d'une couronne de 3 m. de haut   et d'une statue de Notre-Dame de 5,5 m.,  le tout doré.

Le 12 mai 1894  eut lieu la consécration de la cathédrale restaurée et agrandie. Le 14 mai suivant  ce fut l'inoubliable fête du couronnement de Notre-Dame de Grâce.  Enfin, le 17 mars 1896,  le pape éleva au rang de basilique,   la cathédrale métropolitaine de Cambrai.

 
Dans les derniers mois de la guerre 1914-1918,   par des pluies d'obus marquant l'avance des alliés,   la cathédrale  subit une lamentable dévastation :  notamment la toiture,  le clocher,  les vitraux,  le mobilier.
 
Le 12 juillet 1931,  la cathédrale fut  de nouveau inaugurée  et reçut 3 nouvelles cloches l'année suivante  afin de remplacer  celles envoyées à la fonte  par les Allemands. Après la guerre de 1939-1945,  ayant été abîmée par quelques projectiles,  la statue de Notre-Dame fut descendue du clocher. En 1958, elle y fut remontée  après avoir reçu quelques modifications  et une nouvelle couronne plus simple.
 
Un événement récent a également marqué la Cathédrale : le 20 avril, St jour de Pâques 2003, au sein d'un choeur rénové par l'architecte orfèvre Goudji, a été consacré un nouvel autel par Mgr François Garnier, archevêque de Cambrai.
 
 
  
 
D'origine géorgienne, Goudji  est le seul artiste vivant dont des oeuvres soient classées au Patrimoine mondial de l'Unesco, en raison de la rénovation qu'il a effectuée  du choeur de la Cathédrale de Chartres.   D'autres cathédrales, abbatiales  ou églises, y compris le Vatican, ont bénéficié d'oeuvres créées par Goudji, artiste pareillement renommé en art profane. A Cambrai, il s'agit de l'autel, de l'ambon, de la cathèdre, de la croix de procession, de sièges, du porte cierge pascal  et différents objets cultuels.

Notons enfin que la cathédrale est l'église mère d'un diocèse impressionnant. Jusque 1094, avons-nous vu, il englobait l'actuel diocèse d'Arras. Qui plus est, étiré du sud au nord, il s'étendait  jusqu'à Bruxelles et Anvers compris. A l'ouest, sa limite était formée par le cours de l'Escaut. A l'est, il allait aux portes de Louvain, Nivelles, Thuin, Chimay. Cette situation dura jusqu'en 1559 où,  pour des raisons religieuses et politiques, le diocèse de Cambrai perdit  toute sa partie septentrionale au nord de Hal et de Lessines.


Ceci étant, le titulaire du siège y gagna le titre d'archevêque d'une nouvelle province ecclésiastique qui comprenait – outre Cambrai –Arras, Namur, Saint-Omer et Tournai. En raison de cette responsabilité pastorale, l'église cathédrale de l'archevêque  se dénomme encore  "la métropole", appellation courante jusqu'à ces derniers temps. Par son étymologie,  "métropole" signifie  "mère-cité",  c'est-à-dire – pour l'archidiocèse et sa province – source  et référence de la vie chrétienne. 

                                               
 
 
 
Un des symboles  en est  la "croix archiépiscopale"  à 2 droites horizontales
 
ou encore  le "pallium"  reçu du pape  et porté par l'archevêque  dans sa province : 
bande de tissu blanche,  en forme de croix, recouverte de nombreuses autres croix.


 

Nouveau changement de territoire en 1790 avec la Constitution civile du clergé et le concordat de 1801 : le diocèse de Cambrai  fut calqué sur les limites du département du Nord. Enfin, le 25 octobre 1913, une partie importante du diocèse de Cambrai  fut amputée  pour créer  le diocèse de Lille  en raison  du développement grandissant de  Lille et Dunkerque. Mais actuellement, l'archidiocèse de Cambrai  avec sa cathédrale, demeure "métropole" pour les diocèses  de Lille  et d'Arras.

 

Site complet sur la Cathédrale