Les frères Janson ont débuté à la Chapelle Saint-Pierre de Valenciennes où leur père chantait la basse-taille.

 

Jean-Baptiste-Aimé Joseph JANSON l'aîné (1742-1803) est né à Valenciennes le 8 mars 1742. Elève de Martin Berteau jusqu'en 1771, quelques mois avant la mort du maître, son influence sera grande comme professeur et comme compositeur.

 

En 1755, à l'âge de douze ans et demi, "il joue [au Concert Spirituel] une sonate de violoncelle et charme toute l'assemblée" (Mercure de France, avril 1755, Concert Spirituel du 23 et 29 mars). Dès lors, il joue fréquemment au Concert Spirituel jusqu'en 1767 (25 exécutions), et sa réputation grandit jusqu'à rivaliser avec celle de Duport, élève aussi de Berteau. Il joua souvent des sonates de sa composition ainsi que des sonates mêlées d'airs connus. En avril 1765, il joua en duo avec le luthiste Josef Kohaut à au moins quatre occasions.

 

Ses sonates furent aussi jouées au Concert Spirituel par son jeune frère, Louis-Auguste-Joseph, et ses symphonies y ont été entendues jusqu'en 1786. Musicien du Prince de Conti, il accompagna souvent le prince lors de ses voyages, notamment en Italie. Au cours de ses nombreux déplacements, il répandit à travers toute l'Europe la "manière française" de jouer du violoncelle. En avril 1767, au retour d'un de ces voyages, il joua de nouveau au Concert Spirituel et sa prestation fut reçue avec beaucoup de plaisir. Le rédacteur du Mercure de France écrit en effet à son sujet : "Mr Jannson, de la Musique de S.A.S. Mgr le Prince de Conty, dont on avoit été privé pendant un grand nombre de concerts par ses voyages, a exécuté une sonate de violoncelle. Cet artiste, déjà célèbre a reparu avec de nouveaux avantages. Un tact plus sûr, une exécution encore plus précise et plus finie, un son plus moëlleux et plus beau, tout concourt  à prouver combien M. Jannson a travaillé utilement pour atteindre à la perfection."

 

On note encore, quelques mois plus tard : "Mr Jannson... qui avait déjà donné tant de preuves de ses talents, a montré ce jour là une supériorité vraiment décidée ; il a joué singulièrement l'adagio dans un degré de perfection dont il faut avoir joui pour le bien concevoir. Gens de l'art, amateurs, tout le monde a été enchanté ; tout le monde avoue qu'on ne peut réunir plus heureusement la beauté, la pureté du son, la sûreté du toucher et le charme de l'expression la plus sensible".

 

Janson servit aussi le Duc de Brunswick et joua beaucoup à travers toute l'Europe : Allemagne, Pologne, Suède et Danemark. En 1788, il devint Surintendant de musique de Monsieur (frère du roi, futur Louis XVIII). En 1795, il fut nommé "professeur de basse" à la fondation du Conservatoire de Paris, le 3 août 1795. Il se retira en 1802.

 

On retient principalement de son oeuvre Six sonates pour le violoncelle et la basse, op. 4 (1755), Six concertos pour violoncelle à grand orchestre, op. 6 (1780) et Six nouveaux concertos à grand orchestre pour le violoncelle, op. 15 dédiés à ses élèves du Conservatoire. Par ailleurs, J-B. Janson est l'auteur de trois symphonies qui se rangent parmi les oeuvres les plus significatives qui aient été écrites en France dans les années 1780. La première symphonie fut jouée au Concert Spirituel le 25 décembre 1783 puis rejouée au mois de septembre 1784. La deuxième le fut le 20 mars 1785 : "... Quoique les superbes symphonies de M. Hayden aient rendue les Amateurs très difficiles, ils n'en ont pas mois goûté celle (une nouvelle symphonie) que M. Janson L. a fait exécuter au Concert le jour des Rameaux. Tous les morceaux en ont paru bien contrastés : le premier offre des idées piquantes et gracieuses ; l'Andante, un chant simple et doux, qui fait d'autant mieux valoir le Presto, que celui-ci est rempli de mouvement et de grandes masses d'harmonie..." (Annonces, 24 mars 1785). La troisième, enfin, fut jouée en avril 1786. Ces oeuvres ne furent publiées qu'après 1786 ; elles forment l'opus X.

 

 

Louis-Auguste Janson, frère de Jean-Baptiste, est né à Valenciennes le 8 juillet 1749. Elève du même maître, il se produisit pour la première fois au Concert Spirituel à l'âge de 24 ans. De 1773 à 1780, il joua régulièrement au Concert Spirituel ses propres sonates ou les concertos de son frère (8 exécutions). Il joua à l'orchestre de l'Opéra de 1789 à 1815.

 

Ses compositions et ses exécutions ont souvent été confondues avec celles de son frère. On retient néanmoins de lui trois Trios concertants op. 1 pour deux violons et violoncelle, six duos op.1 pour deux violoncelles, six duos op. 2 pour violon et violoncelle. Ces oeuvres montrent le passage du style très orné de 1760 à la ligne plus dépouillée du pré-classicisme. Elles possèdent une technique très complète.

P. Perlot