Distributions de prix, soutenances de thèses... au collège des Jésuites furent aussi le cadre de manifestations musicales. Arrivés à Valenciennes en 1580, les Pères Jésuites eurent un collège régulier à partir de 1591 dans lequel les représentations théâtrales avaient lieu non seulement lors de la distribution des prix au mois de septembre, mais trois fois l'année et en diverses autres occasions. Plusieurs passages de l'Histoire ecclésiastique... de Simon Leboucq le rappellent : " Comme les PP Jésuites fesaient faire par leurs écoliers des actions deux à trois fois l'an, le conseil particulier tenu le 26 mars 1596, ordonna aux Maîtres de la Cour St Denis, de faire dresser aux frais de la ville, un théâtre, chaque fois qu'ils en auraient besoin."


En France, le collège des Jésuites le plus célèbre était sans nul doute Louis-Le-Grand, à Paris, au sein duquel le patriciat formait ses héritiers. Dès le début du XVIIe siècle, les représentations de tragédies latines y devinrent de rigueur à l'occasion des distributions des prix, où les élèves étaient les seuls acteurs.A partir de 1650, on prit l'habitude d'intercaler entre chaque acte de la tragédie, des ballets dansés également par les élèves. Cette activité théâtrale et musicale fut imitée dans la plupart des collèges de France.


En ce qui concerne le collège deValenciennes, les manifestations sont attestées dès le début du XVIIe siècle. Le 4 juin 1601, les élèves du collège interprétèrent une comédie composée " de deux personnes capitales, savoir, Julien l'Apostat et Jean le Patricien, Gentilhomme Romain, dans laquelle on voit le combat de l'impiété contre la Religion".
Mais il n'est alors pas question de musique. Celle-ci dut apparaître dans le courant du siècle.


Les Augustins qui s'établirent à Valenciennes en 1656 y enseignèrent les Humanités concurremment avec les Compagnons de Jésus et firent aussi représenter des pièces de théâtre. En septembre 1698, à l'occasion de la distribution des prix, les élèves des Pères Augustins représentent " Marianne ", tragédie en cinq actes, précédée d'un prologue. Des divertissements avec chœur remplissaient les entractes et la pièce était terminée par un opéra.


Culture, sociabilité mondaine et musique se trouvèrent ainsi mêlées dans les établissements d'enseignement, l'opéra des Augustins répondant au ballet des Jésuites, coutumiers de présentations publiques comme celles des " thèses " de leurs élèves de rhétorique et de philosophie.


Le 7 avril 1711, les Jésuites composèrent une pastorale à la louange de Monseigneur de Luxembourg qui fut représentée par leurs collégiens et eut un grand succès. La pastorale était intitulée "Applaudissement du Parnasse au choix que le Roy a fait de Mgr Louis-Christian de Montmorency-Luxembourg " comme " gouverneur des ville et citadelle de
Valenciennes ". On déclama en même temps un poème sur la valeur de Monseigneur le chevalier de Luxembourg et sur l'éclat de sa maison. Ces pièces sortaient des presses de Gabriel François Henry.