Capitale historique du Hainaut français, Valenciennes fut précocement connue pour sa tradition artistique. Le surnom d’Athènes du Nord lui fut donné avec emphase au 16e siècle, témoignant du goût que la cité manifestait pour les arts et, ce faisant, du grand nombre d’artistes qu’elle suscitait. Valenciennes connut sous l’Ancien Régime une vie musicale remarquable, dont l’un des principaux foyers fut la Chapelle Saint-Pierre. Voyageons dans le temps…

 

A la fin du 16e siècle, la région du Nord est musicalement très fertile : de nombreuses maîtrises et chapelles musicales jouissent d’une réputation à travers toute l’Europe, et les cours princières se disputent les chanteurs et compositeurs « franco-flamands » dont la maîtrise de l’art polyphonique est à son apogée.

 

A Valenciennes, le Magistrat de la Ville entretenait une maîtrise constituée de voix d’enfants et d’adultes, dont la charge principale était de chanter les louanges de Marie, l’auguste libératrice de la cité lors du miracle du St Cordon en 1008. Seuls les musiciens qui se distinguaient étaient admis, sur concours, dans cette institution. Elle semble avoir été créée grâce à la renommée de Jean Bonmarché, qui, natif de la cité, puis devenu maître de chapelle du roi Philippe II d’Espagne, détermina le Magistrat à lui accorder une subvention pour créer une école de musique en 1570 lors de son retour dans la ville.

 

A la fin du XVIIe siècle, la ville de Valenciennes, annexée depuis peu à la France, connaît une période de paix et de nouvelle prospérité. Entretenue par le Magistrat, la Chapelle Saint Pierre joue de son art musical à chaque évènement important dans la cité hennuyère : fête de la St Georges, des confréries, procession du 8 septembre, victoires du royaume, etc.

 

Composée d’une dizaine de chanteurs et autant de musiciens, elle est dirigée par un Maître de Musique, et administrée par un Commissaire du Magistrat. Jacques Guislain PAMART (1637-1704) occupera ce poste durant plusieurs années, apportant une grande attention à cette structure musicale, qui attire de nombreux musiciens en quête de reconnaissance, et dont sortira de grands noms qui brilleront dans toute l’Europe, notamment à la Chapelle Royale à Paris ou Versailles : Martin BERTEAU (fondateur de l’école française de violoncelle), les frères JANSON (violoncellistes), Jacques-Philippe LAMONINARY...

 

Ainsi, au fils des ans, la maîtrise de la Chapelle de Saint-Pierre chantera avec toujours plus de faste et de majesté le « salve », qui, transformé en « salut du St Sacrement » au 17e siècle, deviendra un rendez-vous quotidien de la vie musicale valenciennoise, une occasion pour les musiciens de composer de nombreuses pièces : motets, messes, Te Deum… La Chapelle Saint-Pierre sera une pépinière, dont les carrières d’un Jacques Guislain Pamart ou de Martin Berteau témoignent.