Etienne Bernard-Joseph Barrière est né à Valenciennes le 7 octobre 1748, de parents aisés, Jacques Barrière, tailleur natif de Besançon et Catherine Granier, native de Valenciennes, alors marchands rue sur la Place. Il fut d'abord élève de Réposte (fameux violon né à Valenciennes le 12 octobre 1723, mort le 1er février 1787. Après des études musicales à Paris et en Italie, il a été musicien à la cour de Vienne, puis du prince de Conti. Il est revenu se fixer à Valenciennes à l'âge de 28 ans). Les sources habituelles nous renseignent peu sur notre musicien. Elles suivent d'ailleurs toutes le Dictionnaire historique des musiciens de Choron et Fayolles (Paris, 1810-11) qui déclarent : "... il vint de Valenciennes à Paris à l'âge de 12 ans et eut pour maître de violon Pagin [quant à  lui élève de Tartini] et pour la composition Philidor. Il devint bientôt un des violonistes solo au Concert Spirituel et à celui des Amateurs...".

 

Les périodiques de l'époque mentionnent notre compositeur pour la première fois en 1767 : "M. Barrière, élèvre de Pagin, a exécuté [au Concert Spirituel du 20 avril] un Concerto de violon. La netteté, la justesse, la délicatesse et la sensibilité paroissant être on ne peut plus propres à ce jeune artiste, qui a été très bien accueilli et qui fait déjà beaucoup d'honneur à son maître". A partir de cette date, la presse continue à parler de lui comme soliste en même temps qu'elle annonce les éditions de ses oeuvres.

 

De retour à Valenciennes, il donne gratuitement des leçons de violon et encourage Wibaut. Il reste à Valenciennes jusqu'à la mort de ses parents. Le 22 janvier 1784, l'une de ses symphonies est jouée au Théâtre de Valenciennes entre les deux pièces à la comédie : elle reçoit les applaudissements du public valenciennois.

 

Barrière compose pour le violon plusieurs concertos d'un très bon style, caractéristique de la période classique. Ses ouvrages consistent en quatre oeuvres de quatuors et plusieurs oeuvres de symphonies, de trios, de duos, de concertos qui ont été gravés à Paris. En 1775, il rédige le livret et la musique d'un opéra intitulé Le bailli bienfaisant, qui fut représenté plusieurs fois avec succès sur le Théâtre de Valenciennes. Cette oeuvre semble actuellement perdue.

 

En 1776, il revient à Paris et joue au Concert Spirituel. En 1778, il y joue deux de ses concertos pour violon. L'Almanach Musical de 1783 fait de lui un maître de violon qui habite "au Temple, chez Madame Dombey", Marie-Geneviève Dombay qu'il a épousée en 1778.

 

En 1801, il joue une symphonie concertante avec Lafont lors d'un concert de la salle Olympique : les journaux font alors l'éloge de son jeu "brillant et correct". En l'an X, il devient le premier violon de la musique de Napoléon Bonaparte, premier Consul, "mais, d'un caractère doux, tranquille et sans intrigue, il ne sut pas profiter de sa faveur : il resta pauvre et fut réduit à courir le cachet jusqu'à la fin de sa laborieuse carrière qui arriva en 1818" (La Feuille de Valenciennes, 1821-1826).

 

En 1810, Barrière préparait une collection progressive de six livraisons de duos de violon, où l'on trouve, dit Fayolle, tout ce qu'on peut exécuter sur cet instrument, et qui, en trois ans, met les élèves en état de jouer la musique de tous les compositeurs. Hécart souligne ses talents de pédagogue : "Il avait formé le projet d'études destinées à aplanir aux jeunes élèves les difficultés nombreuses qu'offre cet instrument [le violon] toujours ingrat dans des mains peu habiles, mais la mort le surprit au milieu de ces utiles préoccupations". (in Recherches historiques, bibliographiques, critiques et littéraires, sur le théâtre de Valenciennes, Paris, 1816).

P. Perlot